Sous-sol interdit by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-12-16T10:59:28+00:00

10

Jane remonta les couvertures sous son menton. Elle tremblait de peur et de froid. Elle ne respirait plus et écoutait. L’eau coulait toujours dans la salle de bains. Cependant, il n’y avait aucun bruit de pas. « Il ne me poursuit pas, se dit-elle en poussant un profond soupir de soulagement. C’est terrible, je commence à avoir peur de mon propre père. Si seulement Maman était là ! »

Sans réfléchir, elle s’empara du téléphone. Elle allait appeler sa mère, la réveiller, lui dire de rentrer à la maison le plus vite possible. Il fallait qu’elle sache qu’il se passait des choses étranges, que leur père était en train de changer…

Le réveil indiquait deux heures quarante-trois.

Non, elle ne pouvait pas faire ça ! Sa mère avait déjà bien assez de soucis.

« Il ne faut pas l’effrayer ! Et puis comment lui dire que je crains mon père ? Elle me dira de me calmer, que papa nous aime toujours, qu’il ne nous fera jamais de mal, qu’il est seulement accaparé par son travail… »

Accaparé…

« Des feuilles lui poussent sur la tête, il mange du fertilisant et son sang est devenu vert. Accaparé… » Jane entendit son père fermer le robinet, éteindre la lumière de la salle de bains, puis marcher à pas feutrés jusqu’à sa chambre, au bout du couloir. Elle se détendit un peu, ferma les yeux et se mit à compter les moutons.

Sans succès. À trois cent soixante-quinze, elle s’assit dans son lit. Elle décida alors de descendre prendre une boisson fraîche dans la cuisine.

Le compresseur du réfrigérateur se mit en marche bruyamment, la faisant sursauter. Elle ouvrit la porte et s’empara d’un litre de jus d’orange. Soudain, une main agrippa son épaule.

— Ah ! hurla-t-elle en laissant tomber la bouteille. Elle recula brutalement, mais trop tard ! Ses jambes étaient trempées.

— Michaël, tu m’as fait peur ! Pourquoi es-tu debout à cette heure-ci ?

— Et toi ?

Il était à moitié endormi et ses cheveux étaient tout emmêlés.

— Je n’arrivais pas à m’endormir. Tu veux bien m’aider à éponger ?

— C’est pas moi qui l’ai renversé. Éponge toi-même.

— T’es vraiment pas sympa. C’est de ta faute si c’est mouillé.

Elle prit une serpillière et se mit à nettoyer.

— Je pense à toutes sortes de choses, dit Michaël, et ça m’empêche de dormir.

— Moi aussi, avoua Jane en fronçant les sourcils. Elle voulut ajouter quelque chose, mais un bruit la stoppa net. C’était comme une sorte de gémissement mélancolique.

— Qu’est-ce que c’était ? demanda Michaël avec effroi.

— Ça vient sûrement du sous-sol.

— Tu crois que c’est une des plantes de papa ? murmura Michaël.

Jane ne répondit pas. Elle était à genoux, immobile, tendant l’oreille.

Une nouvelle plainte se fit entendre, plus douce, mais aussi plus triste.

— Je crois que papa ne nous dit pas la vérité, dit Jane se décidant enfin à parler.

— Moi, je ne pense pas qu’un plant de tomate puisse gémir de la sorte, ajouta Michaël.

Jane se releva, referma le réfrigérateur. La cuisine fut plongée dans l’obscurité. Saisissant Michaël par l’épaule, elle l’accompagna dans le hall d’entrée.

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